[Libre] Désolant...

Qu’est ce qu’il pouvait haïr ça. Comme il pouvait détester ça. Marcher bêtement, sans but précis, errer à droite et à gauche sans endroit où terminer son chemin. Comme il pouvait détester ça. Il soupira. Sa main se porta machinalement dans ses cheveux, passant er repassant dans la noirceur de ses mèches fines. Il soupira de nouveau et cessa cette marche inutile. Autour de lui, il entendait beaucoup de rire. Quelques solitaires le croisaient ici et là, mais pour la plupart, les Users étaient toujours groupés. Il observa un moment un petit groupe de cinq, bruyant, assis en plein milieu de l’herbe verte, omniprésente sur la page d’INDEX. L’envie débile d’être avec eux s’imprima dans son esprit, mais il secoua violement la tête. Il n’aimait pas être seul, mais de là à rejoindre ce groupe d’idiots…

Il s’en désolait d’ailleurs. Le WIRED se remplissait vite, bien plus vite qu’il y a encore peu de temps. Mais tous les Users n’étaient pas de qualités. Et ils se faisaient rares d’ailleurs, ceux qui méritaient un peu de son attention. Il secoua de nouveau la tête, et un rictus moqueur marqua sa bouche. Sa facilité à considérer tout le monde comme insignifiant lui jouerait bien des tours, et de toute façon, tournait déjà rarement en sa faveur. Il baissa la tête et envoya, de son pied, roulé un caillou au loin. In Real Life, il ne connaissait personne. Il n’avait aucun ami. Pour ça, il faudrait qu’il sorte, ce qu’il ne faisait que rarement, voire jamais, même lorsqu’il n’était pas dans le WIRED. Il n’aimait pas le monde extérieur, il ne s’y sentait pas en sécurité. Il se sentait seul. Il se sentait inutile et ignoré. C’est ce qu’il haïssait par dessus tout. Il n’avait jamais particulièrement aimé les cours, sans les détester réellement non plus. Les professeurs avaient pour la plupart peur de lui et de son air sauvage, bien qu’il n’ait jamais causé le moindre débordement. Mais ici, ici c’était différent. Ici tout le monde connaissait son nom, ici personne n’ignorait son existence. Il était un de ceux qui sont respecté, qui sont craint. Ses yeux noirs en impressionnait plus d’un, et il aimait cette sensation de puissance. Et puis, ici au moins, il se sentait aimé. Un petit peu. Par Cosy surtout. C’était elle qui le soutenait le mieux, souvent elle qui s’occupait de lui. Elle qui s’évertuait à le faire rire, et sourire. Mais il n’était que trop conscient de ses sentiments pour lui. Cosy. Il l’adorait, il l’aimait énormément, certes. Mais de là à… il n’était pas sûr de savoir aimer quelqu’un de cette manière. Pas certain du tout. Pour lui, elle restait une amie, une amie des plus chère et peut-être un peu plus mais, il ne pouvait s’empêcher de la regarder d’un air désolé. Et puis, il y avait Mew, qui aimait toujours la jolie Cosy, même s’il ne le disait pas. Mew. Une lueur amusée passa dans ses yeux au souvenir de ce chat qui passait sa vie à câliner tout ce qui lui passait sous la main. Il s’était beaucoup méfier de lui au départ, de par sa proximité avec cet infect Doreamon. Mais au final, il avait fait comme tout le monde et s’était mis à aimer ce petit être au regard de chaton. Il s’était senti proche de lui quelque part, peut-être était-ce du à ce triangle amoureux au travers duquel ils se côtoyaient. Il lui avait dit beaucoup de choses sur lui, et il s’en étonnait encore lui-même. Il s’était dévoilé facilement, trop facilement à son goût et pour lui qui ne savait pas faire confiance aux gens, ça avait été une grande faiblesse. Il espérait que par respect pour Cosy, et peut-être aussi par respect pour lui s’ils continuaient à s’apprécier ainsi, il ne dévoilerait pas ce avec quoi il avait tant de mal à vivre. Son passé.

Et puis, il y avait Ue. Un petit être étrange, qu’il avait bien eu du mal à cerner. Il avait d’ailleurs toujours un peu de mal à réellement le comprendre. Pourtant, il s’était vite entendue avec lui, l’omniprésent. Il l’aimait sans doute beaucoup, mais ses sentiments à l’égard d’Ue restaient pour la plupart confus. C’était quelqu’un qui l’avait compris dès leur première rencontre, un des rares à connaître les profondeurs les plus sombres de son âme et de sa vie. Pour cela, il l’aimait énormément parce qu’il était le sans doute le seul ici à le connaître et à le voir comme il était réellement et comme il souhaitait qu’on le voit. Mais c’est pour cela aussi que, quelque part, il le haïssait. Puisqu’il connaissait tant de choses de lui, il lui devenait simple de le tromper, de le trahir. Et pour lui qui avait tant de mal à accorder sa confiance, il ne savait que faire vis à vis de Ue. Et ce mélange de sentiments à son égard l’obsédait et l gênait atrocement. Il détestait se sentir perdu à un tel point.

Il reprit sa marche au hasard, sans même s’en apercevoir, perdu dans ses pensées. Sans doute finirait-il à la Planque. Oui. De toute façon, il ne savait pas où aller. Le No Real Life ne l’attirait pas plus que ça. Il n’aimait pas spécialement cet endroit, pourtant que tout le monde penserait à son goût. Et puis, c’est à la Planque qu’il croiserait plus facilement Cosy, elle qui prenait très à cœur les affaires du SC. Parce que c’était Muze qui l’avait crée, et aussi parce qu’il considérait ce Club comme sa raison de vivre, elle en faisait de même. Il était sûr que s’il sautait, elle partirait avec lui. Un frisson lui parcouru le bras. Il ne chercha pas à en connaître la raison. Il avait trop peur de ce qu’elle pouvait être.

Il sentit qu’on le bousculait. Un rire résonna à ses oreilles et il releva lentement la tête. Le jeune homme qui venait de lui rentrer dedans leva la tête à son tour et Muze l’observa d’un air détaché mais emplis du mépris qui l’enveloppait généralement lors de ses sorties. C’était sa façon à lui de se protéger. Le garçon avait l’air plus jeune que lui, et il était bien plus petit et lorsqu’il remarqua les tatouages sur ses oreilles, il se recula vivement. Les rires autour de lui s’éteignirent aussi rapidement lorsque Muze tourna la tête en direction des ricaneurs. Qu’est ce qu’il pouvait haïr ces gamins. Il n’attendit même pas d’excuse et continua sa route, sa main se portant à son lobe d’oreille droite. Ces tatouages, il en était fier, et sans doute trop. Par eux, tout le monde savait qu’il était important. Et il aimait qu’on le considère comme tel. Un rictus déforma à nouveau ses lèvres et il ne fit plus guère attention au monde qui l’entourait.

Et voilà.

Enter ID : Angie
Connect WIRED

En quelques secondes, Angie vit son corps se reformer, puis brusquement, un décor apparut. C'était la place qu'elle avait brièvement aperçue lors de sa première connexion.
En réalité, c'était un parc, avec une grande allée partageant l'espace vert en deux. Un vent se leva, doux et chaleureux, dérangeant ses cheveux noirs comme un morceau de soie livré à cette bise estivale.
Elle huma brièvement l'air, et fut surprise de retrouver le même arôme floral que dans la réalité, ou IRL. Elle était à présent sereine, et murmura, en passant une main délicate dans ses cheveux :

"-Impressionnant...C'est poussé assez loin..."

Ellle avança d'un pas lent mais assuré. Sa petite séance de cuisine était décidément un bon moyen pour retrouver ses esprits et réfléchir calmement. Elle avait saisi le principe du WIRED, mais les techniques lui échappaient encore, car c'était une technologie inconnue à laquelle elle avait dû faire face, qu'on imaginait uniquement dans les films de Science Fiction...
Sa curiosité l'avait dévorée, et elle s'était empréssée de se reconnecter sur le WIRED après avoir fini sa tarte au citron. Elle ne savait pas qu'elle pouvait y rencontrer des personnes, lors de sa connexion, elle n'avait aperçu que le parc.

Observant avec une joie secrète les alentours, elle aperçu un groupe de jeunes dont les rires résonnaient de loin. Un sourire étira ses fines lèvres vermeilles, mais une voix hurla subitement en elle :

*Imbécile. Ne les regarde pas, ne t'approche pas. Des larves...pathétiques.*

Angie avait beaucoup de mal à faire taire cette voix aigre, qui hurlait avec violence de plus en plus intempestivement, surtout ces derniers temps. Elle la haïssait, car elle lui imposait ses idées sans qu'elle pût les contester, prisonnière de sa propre ombre. Elle la rongeait de l'intérieur.
C'était cette voix qui la dégoutait de tout, qui la privait de nourriture, de sommeil, de penser librement, de se comporter comme elle le voulait...Combien de fois lui avait-elle changé ses opinions ? Angie ne luttait plus, son regard s'était assombri au fil du temps. Oh, biensûr, personne ne le remarquait car elle était habile en matière d'apparence.

Elle passa devant le groupe, duquel quelques garçons la regardèrent avec insistance. Elle ne daigna pas leur accorder un sourire ni le moindre geste, et les dépassa avec indifférence. Elle ne voulait pas perdre sa patience maintenant, chose qu'elle avait tendance à faire assez rapidement. D'ordinaire, elle aurait sourit gentiment, et même salué chaleureusement, mais les cris persistants dans son crâne l'empêchaient de réagir comme elle l'aurait voulu.
Ses prunelles sombres se perdirent au loin, mais soudain, elle vit une bande de garçons, se rapprochant lentement d'elle. L'un deux avait bousculé un passant, qu'elle ne vit que de dos.
Tandis qu'ils s'approchaient, son regard se fit dur et froid. Elle sentait le danger s'approcher avec eux.
Elle essayait de les ignorer du mieux qu'elle pouvait, chose assez difficile car à eux 4 ils prenaient toute la largeur de l'allée. Elle était face à eux lorsque l'un deux s'adressa à elle avec un sourire hypocrite sur le visage :

- " T'es seule ?"

Angie soupira. Encore un boulet. Pourquoi est-ce qu'ils s'acharnaient sur elle à la fin? Elle répliqua avec froideur, sans même poser les yeux sur lui, fixant le jeune homme qu'il venait de bousculer qui s'éloignait.

- " Non, ça se voit pas?"

Ricanement aigre des trois autres crétins.

- " Fais gaffe, ici y'a pas de police ..."

Le jeune homme avait employé un ton menaçant, qui amusa beaucoup Angie. Elle adorait provoquer ce genre de pauvre type, et elle approcha son visage du sien, lentement, et sussura à son oreille :

- "Vraiment ? J'ai peur...Qu'ai-je à craindre de toi exactement ?"

Pas de police? Voilà qui promettait...On était donc libre de tout ici?
Il se saisit de son bras d'un geste brusque, mais Angie ne broncha pas. Elle maintenait une expression impénétrable sur son visage. Ce qu'il pouvait lui faire, elle s'en foutait.

- "Courageuse, mais c'est stupide. Tu ferais mieux d'arrêter de te foutre de moi, princesse."

Devant son attitude le jeune homme sourit nerveusement, puis dit avec dédain :

- " T'es bizarre. Mais j'ai pas de temps à perdre. Allez les gars, on y va."

Il déssera son étreinte. Sa poigne de fer avait laissé une marque rouge sur sa peau délicate. Elle laissa son bras retomber, indifférente à ses propos.
Ils s'éloignèrent, riant comme des bossus. Il lui lança, après s'être éloignés :

"- Tu ferais mieux de ne pas me recroiser,je sais pas si je pourrais me retenir la prochaine fois..."

Angie ne se retourna pas et soupira. Elle avait ce don incroyable de se fourrer toute seule dans des situations dangereuses. Le pire était qu'elle ne s'en souciait même pas, elle ne cherchait même pas à s'en sortir, se laissant couler comme une pierre au fond de l'eau elle pouvait être capable de provoquer volontairement ces situations.
Tandis qu'elle continuait de marcher le long de l'allée, elle aperçu un anneau d'argent sur le pavé. Elle la ramassa, regarda autour d'elle et ne remarqua personne exepté le jeune homme qui s'était fait bousculé, qui était déjà loin.
Il marchait très vite, et Angie dû courir pour pouvoir le rattraper. Elle n'était pas rapide du tout, et sa manière de le faire était plutôt comique, ses cheveux d'un noir brillant suivaient ses mouvements comme un fluide noir, alors elle dû redoubler d'efforts. Lorsqu'elle pu l'atteindre, elle posa sa fine main blanche sur son épaule dure, et tenta de reprendre son souffle, pliée en deux.
Elle se retenait à lui pour ne pas défaillir, un peu étourdie par son "sprint". Lorsqu'elle pu enfin parler, elle se redressa lentement. Ses joues légèrement roses, les yeux brillants, elle lui sourit.
Surprenant. Quand son regard rencontra le sien, un flot de sang se répandit sous ses joues. Non, il ne la laissait pas indifférente, et captivée par son visage elle n'arrivait pas à articuler un seul mot. Sa peau blanche incitait au toucher, et Angie dû alors détourner son regard vers les haies qui bordaient l'allée pour pouvoir prononcer ces mots, d'un air détaché :

- "Excusez moi...Je ne suis pas une grande sportive et vous marchez aussi vite que je ne cours...Enfin, je crois que ceci vous appartient."

Elle lui tendit le petit anneau au creux de sa paume, puis s'inclina poliment. Ses cheveux cachaient à présent comme un rideau de noir son visage, et elle eu le temps de reprendre une expression neutre, ne tenant pas à montrer ses émotions.

Des éclats de voix derrière lui. Sans doute cette bande d’idiots. Il secoua lentement la tête, de droite à gauche, profondément navré par toute la bêtise qui emplissait ce monde, tant IRL que sur le WIRED. Parfois il se demandait si ce n’était pas tout simplement ce monde virtuel, plus ou moins violent, qui pervertissait ainsi de plus en plus l’esprit de tous ces jeunes, dans le Shataku. Mais bien vite, il avait adopté la conclusion que seuls les plus faibles, ce qui étaient incapable de faire la différence entre réel et non-réel, qui se tordait et devenait instables, des deux côtés. Il méprisait ces gens. C’est en soupirant qu’il se dit que finalement, il méprisait bien trop de gens. Mais qu’importe. Muze était un être méprisant. Muze aimait le mépris. Muze affirmait ce mépris général. Muze était lui. Il aimait Muze. Il toucha par habitude le tatouage de son oreille droite. Un C en lettre occidentale, stylisée dans une écriture au nom inconnue. Seuls les supérieurs du Suicide portait cette lettre, en plus du S tatoué sur l’oreille gauche. Les membres inférieurs portaient simplement le S. S comme Suicide. Y avait-il vraiment pensé un jour !? Il n’avait jamais su pourquoi, au fond, il avait donné ce nom à ce club, car il savait pertinemment que le but recherché n’était pas le suicide collectif. Non, il ne souhaitait pas mourir. Pas encore. Il se trouvait bien trop jeune, bien trop important ici pour mourir. Mais le mot Suicide était venu de lui-même, il s’était imposé à lui. Comme ça.

Une brise souleva doucement sa veste noire, ainsi que ses quelques mèches blondes, habilement disposée de chaque côté de son visage. Son horrible visage rond. Peu lui importait son importance, son degré d’admiration, il détesterait éternellement ce visage beaucoup trop arrondi à son goût. Il en avait fait une véritable fixation. Il n’était pas superficiel, loin de là même, il se fichait généralement de ce qu’il portait, du moment qu’il était à l’aise et qu’il aimait ce avec quoi il s’habillait. Mais la forme de son visage… le dégoûtait profondément. Il lui arrivait même parfois de penser que ce serait sa perte. Qu’un jour où se détournerait de lui, et les gens se dirait « Mon Dieu, quel visage rond !! ». Il ricana intérieurement -Il ne riait jamais ouvertement, sauf peut-être devant Mew, Ue et peut-être Cosy parfois – Cette idée pourtant idiote l’avait toujours hanté, et il s’en voulait d’une telle futilité. Il entendit de nouveau ces rires. Ces horribles rires d’adolescents qui semblaient avoir à peine mués. Une expression plus qu’agacée se peignit sur son visage et il se retourna légèrement. La petite bande s’était arrêté, un peu plus loin, et se tenait devant ce qu’il lui semblait être une jeune fille. Il ne voyait pas son visage d’ici, mais il pouvait certifier ne l’avoir jamais rencontrée. Il se retourna de nouveau, la question d’intervenir ne lui ayant même pas effleuré l’esprit. Il n’était pas du genre héroïque. Chacun ses affaires, il n’était pas un prince charmant…

La brise doucement cessa, et il resta plus d’elle qu’un souvenir infime de fraîcheur. Il faisait étrangement chaud aujourd’hui dans l’INDEX. Il devrait rejoindre la Planque. Là au moins, il serait tranquille. Et peut-être y aurait-il Mew. Ce petit chat, il y pensait beaucoup trop. Il aimait ce sentiment d’être aimé et apprécié, mais lui-même n’aimait pas tellement attendre avec impatience de voir quelqu’un. Il détestait la dépendance, et c’est pourtant ce qu’il ressentait maintenant envers de plus en plus de personnes. Il se mordit la lèvre inférieur, et ferma les yeux. Une respiration se fit entendre derrière lui et soudain, une petite main se posa sur son épaule. Il manqua sursauter et ouvrit brusquement les yeux. Il espérait de tout cœur que cette personne impromptue n’avait pas vu son sursaut, il détestait être pris au dépourvu, et encore plus d’être surpris. Lorsqu’il se retourna, une jeune fille se trouvait là, plié en deux, le souffle cours. Il attendit patiemment qu’elle se relève, oubliant momentanément sa main sur son épaule. Il ne remarqua pas sa rougeur lorsque leurs regards se croisèrent. Il n’était pas forcément très romantique, et il prit cela pour un reste d’essoufflement. Et d’ailleurs, il n’était pas très doué pour étudier les réactions des gens, ce qui expliquait sans doute le fait qu’il ne remarquait que rarement l’engouement que provoquait son apparition. Il garda son air neutre et passablement froid, observant sans aucuns semblant de gênes la jeune fille. Les cheveux noirs, des traits réguliers et fins. Petite. Une jolie fille certes. C’est sans doute ce que pensait le majeur parti des garçons. Lui ne faisait pas particulièrement attention à ces détails. Il baissa les yeux sur l’anneau qu’elle tenait dans sa main, et après un moment de réflexion, reconnut les motifs compliqués de celui qui ornait normalement son lobe gauche. Après vérification, elle avait en effet disparu. Il la prit des mains de la jeune fille et la remit lentement.

"Merci"

Il reconnut en elle la jeune fille de tout à l’heure. Celle devant qui se trouvait l’idiot qui l’avait bousculé. Il en déduit qu’elle n’était pas avec eux, et même, elle ne semblait pas aussi idiote que ces gamins. Il pencha légèrement la tête vers la droite, l’air pensif. Elle semblait aussi un peu perdue, hébété, quelque chose comme de la surprise régnait dans ses yeux. Il en déduit aussi que c’était sa première fois, peut-être la seconde.

« Tu es nouvelle ici, j’me trompe !? »

Il fit un léger signe de tête en direction du bout du gazon, là où s’était installé les cinq adolescents. Ils le regardaient maintenant d’un œil torve et qu’il n’appréciait pas, bien qu’il n’en avait pas particulièrement quelque chose à faire. Il secoua légèrement la tête, et revint sur la jeune fille en face de lui. Il la fixa un moment, dans les yeux, sans la moindre de gêne. Elle avait de la chance la petite, il était plutôt d’humeur bavarde.

"Merci"

Il avait saisi l'anneau de ses mains, qu'elle laissa retomber mollement. Elle était en train de se demander comment l'anneau était tombé sans qu'il s'en rende compte [C'est quand même un anneau XD] lorsqu'elle laissa ses yeux se poser sur les siens. Quel regard grave...S'il n'était pas aussi beau, si avenant et si doux avec elle, elle en aurait frissoné. Elle n'avait jamais rencontré quelqu'un comme lui. Singulier.
Un coup d'oeil sur son visage froid lui permit de penser qu'elle n'était simplement que surprise, ou du moins se dit-elle pour se rassurer.

Sa voix rauque la tira de ses pensées :

« -Tu es nouvelle ici, j’me trompe !? »

Elle aquiesça avec un sourire à sa question, et ajouta d'un ton amusé :

-" Mmh, ça se voit tant que ça ? C'est effectivement seulement la deuxième fois que je me connecte, et j'avoue que je suis un peu perdue. J'ai pas l'impression que ce soit ton cas..."

« -Ils t'ont pas trop secoué au moins...»

Elle vit son regard se diriger vers ses importuneurs. Sa réaction légèrement méprisante envers ces derniers lui prouva qu'il n'était pas si glacial qu'il semblait vouloir le montrer.
Elle tira sur ses manches, comme à son habitude. Tous ses hauts à manches longues étaient déformés, dégradant un peu l'image assez soignée qu'elle renvoyait, mais c'était une chose dont elle se souciait peu en cet instant car leurs regards s'étaient à nouveau rejoints. Ce n'était pas une romantique, et ces moments d'observations ne l'étaient pas non plus, seulement il l'intimidait.
Angie soupira interieurement, découragée. Elle abandonna son regard sur ses mains, une partie qui l'intimiderait peut être moins...
A nouveau la voix se fit entendre, au moment où elle allait lui répondre. Elle tenta de l'ignorer, comme toujours. Cette fois ci ce fut des paroles dénuées de sens, braillant pour le plaisir de la faire trembler. Son corps frêle tremblait effectivement à présent comme une feuille, et pour ne pas hurler comme à son habitude, elle enfoui son visage dans le creu de ses coudes, ses poignets joints contre son front. Elle était terrifiée. Elle voulait parler, mais cette voix horrible la paralysait. Et voilà qu'elle passerait pour une folle, de nouveau. Quelle sensation horrible...Elle savait qu'elle ne faisait qu'attirer l'attention sur elle, ce qui redoubla sa gêne. Lorsqu'elle sentit ses jambes cesser de trembler, elle laissa lentement ses bras retomber. Voilà comment, en quelques secondes, elle perdait généralement le contrôle de ses propres pensées.

La tête toujours baissée, elle s'excusa d'une voix faible :

"- Désolée...Je ne me sens pas très bien. Ca n'a rien à voir avec eux, j'ai l'habitude de ce genre de crétins."

Elle releva la tête. Son visage avait pâli, perdant toutes ces couleurs qui l'avaient égaillé.Elle écarta d'un geste furtif les mèches de cheveux qui brouillaient sa vue, l'empêchant de voir la réaction du jeune homme dont elle ignorait toujours le nom, ou le pseudonyme du moins.
Généralement, elle percevait immédiatement les sentiments ou pensées des autres rien que par leur expression, et elle espérait que cette fois elle ne comprendrait rien. Finir par vouloir fermer les yeux sur les réactions des autres, ça lui ferait du bien.
Quelle atroce migraine....Un son strident, persistant s'était imposé, générant une douleur insupportable. Ses mains recouvrirent ses tempes, nerveuse. Des rires, encore des rires. Elle poignarda du regard les occupants du banc, ce qui les calma nettement. Elle ne maîtrisait pas toujours l'intensité de son regard, mais il suffisait souvent à faire effet. Elle soupira, laissant cette fois le souffle de son exaspération se libérer. Elle s'excusa à nouveau et hésita à partir tout de suite ou prendre la peine de faire connaissance. Elle était vraiment gênée par ce qui venait de se passer, mais elle s'estimait heureuse car il arrivait souvent bien pire que cela.



[Désolée pour ce post minable! >.< ]